Sous le choc [PV James Norrington]

Entrée dans le manoir Doherty, une domestique s'approcha d'eux, s'affolant devant l'état de la jeune femme. Elle lui indiqua qu'elle irait avertir ses parents de son état qui dormaient déjà. Mais Lawrence s'opposa.

"N'avertissez point mes parents, madame Florence. Laissez-les se reposer. James Norrington m'aidera à monter à l'étage. Faites ce que vous avez à faire. Je ne suis guère blessée pour vous informer."

Rétorqua-t-elle malgré qu'elle n'avait pas la force de parler, tant le choc lui avait presque ôté la parole. Mais restant forte, elle réussit à surmonter ce traumatisme.

"Faites préparer un bol d'eau chaude ainsi qu'une serviette pour m'en remettre. Je n'aurai pas besoin de plus..."

Elle faillit s'évanouir, mais elle sentit Norrington la tenir. Elle se retourna vers lui et lui fit un sourire reconnaissant.

"Merci, James..."

La domestique insista, mais Lawrence lui opposa formellement d'avertir ses parents. La domestique finit par céder, mais toujours aussi anxieuse à l'idée de ne pas demander plus de soins. Elle s'exécuta et laissa Lawrence seule dans le Hall d'entrée avec Norrington qui la soutenait.

"Ma chambre est située au deuxième. Montez ces marches et dans le couloir dans lequel nous déboucherons, c'est la porte au fond à gauche."

Lui indiqua-t-elle pour ne pas qu'il se sente dépourvu pour l'aider. La jeune femme s'avança, commençant à ressentir une certaine fatigue dans ses membres inférieurs, en l'occurence, ses jambes. Elle reussit de peine et de misère à escalader les escaliers.

Probablement à bout de ses forces, la jeune femme ne se rendit même pas compte qu'elle était arrivée dans sa chambre. Elle le sut uniquement lorsque sa tête fut posée sur l'oreiller et que Norrington lui demande si elle désirait qu'il reste un peu. Ouvrant les yeux, elle tourna sa tête dans sa direction et lui tint le bras doucement, le regard presque suppliant.

"Restez..."

Au même moment, la domestique de tout à l'heure entra dans la pièce avec ce que lui avait demandé Lawrence: un bol d'eau chaude et une serviette. Elle vint poser ces éléments sur la table de chevet à côté de la jeune femme étendue sur le lit.

"Comme elle a l'air mal en point...que lui est-il arrivé?"

Demanda la domestique. Lawrence, coupant, sans doute, Norrington, expliqua brièvement ce qui s'était passé.

"Oh, mademoiselle...pauvre enfant!"

Lawrence ferma à nouveau les yeux et ses respires devinrent plus profonds, comme si elle cherchait à s'accrocher.

"Disposez, Madame Florence..."

On voyait bien l'inquiétude dans les yeux de Madame Florence. N'insistant pas davantage, elle recula et murmura à Norrington.

"Semble-t-il que vous allez prendre soin d'elle si mademoiselle veut que je dispose..."

Puis, elle disparut dans la porte en la refermant doucement.

Lawrence ouvrit finalement les yeux et regarda Norrington.

"Merci encore de m'avoir sauvé..."

Lui dit-elle, à nouveau.

La jeune femme regarda Norrington comme si ses yeux et son âme avaient repris un regain d'énergie tant une intensité s'en émettait. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais la referma aussitôt. Elle laissa retomber ses paupières, tant elles étaient devenues lourdes à supporter. Sa respiration redevenait de plus en plus normale, comme si le simple fait d'avoir une présence rassurante lui était nécessaire pour reprendre du mieux. De plus, pour aider à la chose, la voix de Norrington la berçait, la faisant sourire.

Au bout d'un moment, alors qu'elle s'était assoupie quelques instants, elle ouvrit lentement les yeux, remarquant, dès lors, qu'elle était toujours aggripée à Norrington. Elle enleva sa main et eut un petit ricanement amusé.

"Vous auriez pu m'avertir que je vous tenais toujours votre bras!"

Lui fit-elle remarqué avec un sourire amusé. Au même moment, elle ouvrit de nouveau les yeux, ayant la ferme intention de les laisser ouvert. À la voir, elle prenait du mieux déjà. Sa récupération en venait à être relativement rapide, mais lorsqu'elle fermera définitivement ses yeux pour une bonne nuit de sommeil, ce sommeil ne serait que plus réparateur.

À l'aide de ses bras, la jeune femme se redressa dans son lit, accotant son dos sur la montagne d'oreillers derrière elle. Lawrence tourna sa tête vers la fenêtre donnant sur l'extérieur: la nuit avait levé son rideau sombre avec ses étoiles étincelantes. Puis, elle détourna son regard de ce paysage pour regarder Norrington puis le bol d'eau.

"Si vous pouviez tremper cette serviette, l'essorer par la suite et me la donner enfin, ce serait apprécié de votre part...James."

Demanda-t-elle poliement sur un ton de voix doux. Elle regarda de nouveau Norrington avec un sourire chaleureux pendu à ses lèvres.

La jeune femme le regarda s'exécuter. Cela la fit sourire. Elle l'examina du début à la fin: du trempage à l'essorage en terminant en la lui tendant d'un sourire affectueux qu'elle rendit à son tour.

"Je vous remercie de votre gentilesse, Monsieur Norrington."

Dit-elle courtoisement, alors qu'elle revenait aux bonnes manières. Mais d'un autre côté, elle se sentit idiote et ressentit une certaine nostalgique lorsqu'elle l'appela de la sorte. James s'était bien après tout...et plus court. Mais, serait-il offusqué?

"Euh...je peux vous poser une question, Monsieur Norrington?"

Lui demanda-t-elle alors qu'elle prit la serviette que lui tendit si soigneusement essorée par Norrington. Elle s'épongea d'abord le front, puis ses joues et finalement son cou. Puis, elle refit le même scénario plusieurs fois, étant patiente pour la réponse de l'homme se tenait devant ses yeux.

Après tout, il lui avait en quelque sorte sauvé la vie. Et une certaine complicité avait même naquît entre eux. Une certaine complicité qui s'était rapidement développée et forgée à la falaise. Par conséquent, elle préféra restée polie et lui demander la question pour avoir une réponse définitive.

Elle le regarda avec un sourire.

Lawrence ferma les yeux lorsqu'il lui prit doucement la serviette pour faire le travail à sa place. Elle ne put s'empêcher de sourire devant cette délicate attention. Puis, elle ouvrit les yeux, gardant son sourire, pour poser sa question.

"M'est-il possible de vous appeler par votre prénom, Monsieur Norrington?"

Lui demanda-t-elle.

"Là-bas, je crois avoir oublié mes manières et je m'en excuse. J'aurais dû vous le demander alors que je vous aie appelé par votre prénom sans votre permission..."

Ajouta-t-elle aussitôt. Puis, elle repensa à la falaise.

"Remarquons que j'ai abusé de mon insolence alors que j'étais tombée...Je crois que c'est à ce moment-là que je vous aie appelé par votre prénom..."

Fit-elle remarqué. Elle secoua la tête comme pour se remettre les idées en place...et son esprit.

"Enfin bref...pour vous épargner la question, vous pouvez m'appeler Lawrence."

Lui dit-elle en lui décochant un petit clin d'oeil suivit d'un petit rire amusé.

Mais ayant un sens de l'humour, la jeune femme se mit à rire en compagnie de Norrington. Mais, telle ne fut pas sa surprise lorsqu'il lui répondit cela en premier. Elle déposa doucement sa main sur le bras de James et lui sourit, toujours aussi amusé.

"Vous avez tout un sens de l'humour, James."

Lui rétorqua-t-elle.

"Je dois dire que ça me remet sur pied de pouvoir rire de bon coeur en si bonne compagnie..."

Lui dit-elle avec le sourire.

Lorsqu'il s'arrêta de lui tamponner le visage, elle se sentit fraîche et apaisée. Comme si le simple fait de se rafraîchir de cette façon était réconfortant et donnait un certain remontant. Elle lui sourit, puis enleva sa main de son emprise sur le bras de Norrington.

"Merci bien, James."

Lui répliqua-t-elle d'une voix douce et angélique.

"Eh puis, vous n'avez pas à vous excuser pour cette blague. Je dois avouer qu'elle a été plutôt bien placée et elle m'a bien fait rire comme vous avez pu le constater tout à l'heure."

Lui dit-elle avec un sourire.

Étant tannée de sentir une certaine pression dans ses cheveux, elle retira l'objet qui les retenait. Elle le posa sur sa table de chevet et secoua ses cheveux pour qu'ils retombes sur ses épaules. Elle eut un petit rire.

"Désolée de cela...j'étais légèrement exténuée de sentir mes cheveux avec une telle tension..."

S'exclama-t-elle alors qu'elle tenait toujours ce petit sourire amusé esquissé sur son visage.

Pendant que Norrington la fixait, Lawrence sentit un certain malaise. Non, pas un malaise, mais plus une sorte de gêne qui ne l'avait pas atteint. Par contre, elle fut surprise qu'il se redresse pour se diriger vers la fenêtre.

*L'ai-je gêné à ce point?"

Se questionna-t-elle alors qu'elle s'interrogeait elle-même. Tout de même, elle le regarda qui regardait par delà la fenêtre. Sans savoir pourquoi, elle se remit à sourire, comme si le matin et qu'elle était en compagnie de son mari. Elle secoua la tête, visiblement intriguée par cette vision.

*J'ai dû délirer pendant un instant!*

Se dit-elle au bout d'un moment.

"La...la vue n'est pas mal, vous ne trouvez pas?"

Lui demanda-t-elle.

En effet, couché et levé de soleil pouvait se faire sous ses yeux dans ce lit même. La chambre de Lawrence avait une vue prenante sur la mer, bien qu'elle soit un peu loin, mais tout de même assez près pour y apercevoir la mer et ses merveilles.

Elle posa ses pieds par terre et faillit perdre l'équilibre. Normal, elle avait faiblit jusqu'à quelques minutes déjà. Et elle n'avait pas vraiment posé pied à terre pour tenter de se lever elle-même jusqu'ici tant elle était à bout de forces. Elle reprit de son équilibre et satisfaite, elle se dirigea vers Norrington qui continuait de regarder par la fenêtre. La jeune femme sourit.

"Venez!"

Lui murmura-t-elle, visiblement complice.

Sans plus attendre, elle lui agrippa doucement la main et l'amena à l'autre grande fenêtre qui allait jusqu'au plancher. De sa main libre, elle la posa sur une poignée cachée derrière le rideau de soie blanche, transparente et la tourna, ce qui enclencha le processus d'ouverture de la porte. Elle lui fit un sourire et d'un signe de la tête, lui indiqua de venir dehors. Elle s'arrêta à la rambarbe, lâchant la main de Norrington pour contempler l'horizon.

"Je crois qu'il n'y a pas plus bénéfique qu'une telle vue le soir, alors que la brise fraîche, mais chaude, vous enveloppe dans une couverture imaginaire où tous vos soucis vous abandonnent en un seul instant."

En même temps, elle se mit à frictionner ses bras, mais pas pour se réchauffer, mais plutôt pour sentir cette couverture imaginaire l'envelopper tendrement, comme si un cocon chaud et réconfortant vous entoure le corps. Elle inspira et expira profondément d'un coup et continua de garder ce sourire chaleureux aux lèvres. En plus, ses cheveux propulsés vers l'arrière via la brise lui procurait une certaine jouissance quant à une certaine liberté et légèreté...

Liberté...
Légèreté...

James regardait le clair de lune qui devenait de plus en plus voyant au loin.

il entendit alors bouger derriere lui et sentit la présence de la jeune femme dans son dos. il lui répondit tout en gardant le regard fixé sur cette magnifique lune. cette belle lune jaune brillante...

oh... oui, c'est vraiment superbe!

puis avant qu'il ait pu se retourner, il sentit une main se refermer sur la sienne ainsi qu'une pression qui le tira sur le coté. Lawrence l'emmenait pres d'un petit balcon. la vue était vraiment époustoufflante de là... à un tel point qu'il ne fit meme pas attention lorsque la jeune femme lui relacha la main.

l'ex-commodore se retourna apres avoir observé un moment le paysage. il fit un sourire à Lawrence puis reprit d'un ton curieux:

permettez-moi de vous demander...
pourquoi vous rendez-vous sur le haut de la falaise si vous pouvez avoir tout ça ici, sans bouger de chez vous?!

À cette question, la jeune femme eut un petit rire étouffé qui se transforma en un simple sourire amusé. Il avait raison après tout. De sa chambre, on avait une vue très prenante sur la mer. Elle se retourna pour regarder Norrington, la lueur de la lune se réfletait dans ses yeux.

"Je vous concède ce point, James. En effet, vous avez raison. Pourquoi quitter ma demeure alors que je peux très bien contempler ce paysage aussi bien ici, sinon mieux, qu'à la falaise."

Rétorqua-t-elle. Elle rit de nouveau et reprit son sourire alors qu'elle retourna son regard vers l'horizon.

"C'est simple: à la falaise, je m'expose à une liberté et ici, il me semble être prisonnière..."

Lui répliqua-t-elle, laissant sa phrase en suspens. Elle détourna à nouveau se regard pour croiser celui de James.

"Ici, il nous est impossible de sentir cette brise venant de la mer. On ne ressent qu'un vent des terres. Et puis, sortir de ces barrières, nous permet de faire de belles rencontres..."

Elle lui fit un clin d'oeil.

"N'est-ce pas? Après tout, si j'étais restée ce soir chez moi, ici au Manoir, nous nous serions jamais rencontrés."

Lui fit-elle remarquée alors qu'elle remit son regard sur l'étendue d'eau d'où la lune se réfletait comme sur un miroir. D'un geste de la main, elle l'invita à se rapprocher d'elle.

"Les belles rencontres sont souvent le début d'une belle histoire, James..."

Lui murmura-t-elle alors que ses paroles se perdirent dans les élans du vent pour se poster aux oreilles de James.

"Ne n'oubliez pas."

Lui ordonna Lawrence sans être autoritaire.

Elle ne put s'empêcher de rire devant l'embarras que Norrington portait à sa réplique au fait qu'il ne se serait pas trouvé dans cette chambre. Elle hocha la tête et chassa comme un nuage imaginaire. C'était uniquement pour cesser son rire amusé.

"Ne vous excusez point, James. Je comprend où vous voulez en venir."

Lui répliqua-t-elle pour le rassurer avec le sourire pour accompagner le tout.

"Et puis, ne me suis-je pas assez mise dans l'embarras à la falaise alors que j'ai perdu pied dans le vide?"

Lui fit-elle remarquée. Elle le regarda et lui fit un nouveau clin d'oeil, plus complice cette fois-ci.

Puis, il lui dit qu'il n'oublierais jamais. Elle hocha la tête et se murmura presque pour elle-même.

"C'est ce je songeais..."

Puis, elle se tourna vers Norrington et lui sourit, l'air de dire qu'elle s'était parlée plus haut qu'elle ne s'était imaginée et qu'il devait oublier ce qu'elle avait si cela avait atteint ses oreilles.

"Enfin bref..."

Soupira-t-elle alors que son regard se posta devant elle. Elle cessa la conversation pendant quelques instants, ne trouvant rien à ajouter. Elle en profita pour respirer le grand air à pleins poumons en fermant les yeux, comme pour sentir l'air pénétrer ses narines pour se rendre à ses poumons. C'est le meilleur remède à tout, lui avait dit sa grand-mère à l'époque où elle était jeune fille.

"Ne vous sentez-vous pas transporter par les secrets que vous révèle la brise de minuit?"

Évidemment, elle faisait allusion au vent de la nuit, qui emportait les songes de bien des malheureux lorsqu'elle s'annonçait agréable à profiter pendant toute sa durée.

"Ou simplement par l'odeur agréable que celle-ci vous laisse respirer librement?"

Mais d'où venait toutes ces questions? Lawrence n'avait jamais été aussi mystérieuse... même avec elle-même. Elle se surprit de s'entendre parler de la sorte. Elle se questionna même sur où elle voulait en venir. Elle ouvrit les yeux et regarda Norrington.

"Euh, je... je suis désolée de ces questions, James. Même pour moi, elles me semblent particulières, alors, ne vous sentez pas obliger de répondre."

Rétorqua-t-elle. Mais elle le regretta. Amèrement. Elle voulait, sérieusement, connaître les répondes de la part de James. Peut-être que cela l'éclairerait quant à la raison de ces questionnements.

Visiblement, elle sembla ravie qu'il réponde à ses questions particulières, redoublant d'un certain mystère. Elle se mit à réfléchir à son tour. Après tout, les réponses pouvaient différées d'une personne à l'autre. Par conséquent, ses précédentes paroles revenaient sans cesse se percuter sur les parois de son crâne. Elle se contenta d'aquiesçer en hochant le plus simplement possible, la tête. Son héros? Peut-être... Après tout, il n'avait pas été placé sur sa route pour une simple insignifiance.

Elle ferma, à son tour les yeux et inspira et expira profondément, s'imprégnant de l'air frais que procurait la nuit. Il est vrai que l'on pouvait s'inventer des centaines d'histoires seulement en respirant le grand air comme ils le faisaient tous les deux. Elle ouvrit, soudainement, les yeux et se tourna vers James.

"Et quelles choses vous inspire-t-elle, James?"

Lui demanda-t-elle avec un brin de curiosité qui lui était charmant à vrai dire.

Elle se retourna vers l'horizon et se mit à réfléchir, elle aussi, à sa question.

"L'odeur m'inspire la liberté...tiens, une odeur de patisserie!"

À cela, elle se mit à rire de bon coeur, amusée par cette inspiration. Elle ne s'arrêta pas de si tôt.

"Pardonnez-moi, James. J'ai dû divaguer. L'odeur n'y est plus..."

Remarqua-t-elle alors qu'elle avait adoré cette odeur qui lui avait traversé les voies respiratoires. Elle se tourna vers lui.

"Et vous, James, ces odeurs que vous sentez, que vous inspirent-elles?"

Lui demanda-t-elle à nouveau, visiblement intriguée.

Lawrence attendit qu'il trouve une quelconque inspiration, mais rien ne lui venait. Elle retourna sa tête vers l'horizon et ferma de nouveau les yeux pour sentir la brise fraîche et légèrement l'envahir. Ses cheveux virvoltaient, le bas de sa robe aussi. Elle s'abandonna complètement les caresses du vent réconfortant et enveloppant. Elle sentait les rayons lunaires lui perforer la peau, une sensation qui lui donnait quelques frissons, mais rien de vraiment alarmant.

"Que la nuit emporte mes soucis, qu'elle referme son rideau à l'aube, laissant le soleil prendre le relais. Que cette brise légère me donne la sensation d'être ailleurs..."

D'être sur un navire, sur les flots, en train de naviguer vers l'inconnu. Voilà ce que la brise de minuit lui inspirait réellement. Elle avait murmuré ces mots si bas que Norrington peut seulement apercevoir ses lèvres bouger.

Ses yeux clos, elle s'imaginait la scène comme si elle y était. Accôtée à la rambarbe à l'avant, elle regarde vers l'inconnue, enviant les mers d'être aussi libres de leur destin. Puis, des pas derrière elle. À entendre le son se cogner sur le plancher de bois, il s'agit de pas d'homme fier et honorable. La jeune femme se retourne, mais ses cheveux lui cache la vue. Elle les retire et aperçoit le visage de l'homme.

«Norrington...euh, James...»

Murmura-t-elle faiblement.

«Que faites-vous là?»

Mais il ne répond pas. C'est alors que, comme si le navire eut heurté un récif, Lawrence bascula par-delà la rambarbe pour tomber à l'eau. Et des appels à l'aide s'en suive. Puis, apparaît une corde. La jeune femme relève la tête et aperçoit Norrington qui tient la corde et lui fait signe de s'accrocher. Ce qu'elle fait. Aussitôt Norrington la tire et la sort hors de l'eau.

«James, vous...m'avez sauvé...encore une fois!»

Et cette vision disparaît aussi vite qu'elle lui ait apparu. Cependant, les paroles qu'elle avait pu prononcé ne furent que des sifflements du vent aux oreilles de Norrington.

Lawrence ouvrit ses yeux et regarda autour d'elle: Norrington était à ses côtés et ne semblait pas avoir remarqué quoi que ce soit. Elle posa sa main droite sur sa tête.

*J'ai dû encore divaguer! Cet incident à la falaise m'a plus que marqué...*

Pensa-t-elle. Elle regarda devant elle, espérant que Norrington trouve quelque chose que la brise lui inspirait, voulant oublier cette vision sortant de son imagination. Après un long moment de silence, Lawrence rompit ce manque de conversation en se tournant vers lui.

"Toujours rien? Aucune inspiration?"

Demanda-t-elle, curieuse, avec le sourire.

Courtoisement, Norrington la raccompagna à l'intérieur. Elle ne s'y refusa pas. Au contraire, elle semblait plutôt d'accord au fait qu'elle se repose un peu pour reprendre du mieux. Une bonne nuit de sommeil la remonterait sur ses pieds, mais le choc ne serait pas effacé. L'homme la posa sur son lit, l'allongeant sur celui-ci. Lawrence laissa retomber sa tête sur l'oreiller en fermant les yeux.

"Merci, James. Vous savez mieux que moi que j'ai besoin de repos..."

Rétorqua-t-elle.

Puis, au bout d'un moment, elle les ouvrit, découvrant James assis sur un fauteuil. Il l'observa et semblait inquiet puisqu'il proposa de la laisser. Lawrence se redressa brusquement sur son lit et fixa l'homme assis sur le fauteuil.

"Non, surtout pas..."

Dit-elle brusquement, mais sans être réellement autoritaire.

"Euh, je veux dire... Non, votre présence me rassure au contraire. Je peux demander à Madame Florence de vous préparer une chambre. La nuit largement avancée dans le temps et rôdeurs et malfaiteurs sillonnent les rues de Port-Royal en ce moment..."

Répliqua-t-elle.

"Il me semble que j'aurais mauvaise conscience si un malheur vous arrivait."

Ajouta-t-elle. Elle le fixa, le suppliant presque de rester, mais cela restait son choix, peu importe la réponse.

Lawrence fut intriguée. Il voulait passer la nuit assis sur le fauteuil? Tout de même étrange de réclamer un tel confort. Mais n'ayant pas la force de combattre et, qui plus est, avait concédé le fait que madame Florence devait se reposer, car son métier exigeait d'être en pleine forme à toutes les heures de la journée et les seuls moments de détente qu'elle recevait, c'était ceux qu'elle gagnait la nuit, étant donné que la maisonnée était plongée dans le silence complet... Bref, elle n'insista pas. Elle hocha simplement la tête avec un léger sourire.

"Si tel est votre désir, James."

Répliqua-t-elle presque sur un ton neutre, feignant l'indifférence. Elle se secoua la tête, détourna son regard de son Norrington pour fixer un point imprécis dans la pièce. Elle avait l'air de réfléchir, sans l'être réellement. Elle se reprit, releva la tête vers Norrington et un sourire fendit son visage fatigué.

"Eh bien, si le fauteuil devient trop inconfortable, ne soyez guère gêné de venir dormir sur mon lit. Il est assez grand après tout..."

Lui offrit-elle alors qu'elle savait très bien que le fauteuil pouvait devenir inconfortable, ayant l'expérience avec son père...jadis. En effet, jeune enfant, elle avait été malade pendant quelques semaines et son père voulait rester auprès de sa fille au point de combattre la fatigue et voir la réalité des nuits blanches. Un jour, n'étant plus capable de supporter cette douleur au dos, il l'avait rejoint dans son lit.

Puis, un sourire amusé éclaira son visage illuminé par les rayons lunaires.

"Bien sûr, c'est toujours à votre discrétion!"

Rétorqua-t-elle.

Elle le regarda, toujours avec ce sourire aux lèvres. Décidément surprenante, elle pouvait passer de l'indifférence à l'amusement en un seul claquement de doigt. De quoi la rendre mystérieuse et imprévisible par moment.